Le logement, premier poste de consommation d'énergie
Electricité et gaz naturel : sources d'énergie majoritaires dans les logements français
Le tableau ci-dessous donne le mix énergétique du secteur résidentiel français en 2019. Le classement est de loin dominé par l'électricité et le gaz. L’électricité demeure l’énergie la plus consommée, avec 34% du total consommé, devant le gaz naturel (27 %), les énergies
renouvelables (24 %) et le pétrole (11 %).
Source principale d’énergie | Proportion |
---|---|
Electricité | 34% |
Gaz naturel | 27% |
Fioul / pétrole | 11% |
Energies renouvelables | 24% |
Autre * | 4% |
Total | 100% |
Figure 1 : Les consommations d’énergie du secteur résidentiel français en 2019.
* charbon, chaleur commercialisée
Source : Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, 2020.
Les solutions de rénovation énergétique les plus rentables financièrement et énergétiquement
Méthodologie
Basée sur l’enquête Phebus, cette étude vise à évaluer la rentabilité des solutions d'efficacité énergétique pour l'ensemble du secteur résidentiel français en prenant en compte à la fois l'influence de l'hétérogénéité du parc de logements et la variabilité des paramètres externes sur la rentabilité des mesures d'efficacité énergétique.
Pour étudier la rentabilité relative des mesures d'efficacité énergétique, nous estimons tous les coûts et les bénéfices au cours d'un projet à cycle prédéterminé. Pour ce faire, nous
utilisons deux indicateurs : la valeur actuelle nette et le taux de rentabilité interne :
- La valeur actuelle nette (VAN) est la différence entre la valeur actuelle des entrées de trésorerie (les bénéfices) et la valeur actuelle des sorties de trésorerie (les coûts) sur une période de temps (ici, la durée de vie de la solution énergétique).
Cet indicateur comprend la somme des flux de trésorerie annuels évalués en monnaie courante, qui est comptabilisée par l'utilisation d'un taux d'actualisation. D'une part, une VAN positive indique que les bénéfices du projet seront supérieurs aux coûts du projet ; d'autre part, une VAN négative indique une perte nette. Un investissement avec une VAN plus élevée est plus rentable qu'un investissement avec une VAN plus faible. - Le taux de rentabilité interne (TRI) égalise les bénéfices et les coûts d'un investissement. Il correspond au taux de rentabilité tel que la VAN est égale à 0 ; ainsi, il mesure l'attractivité d'un projet. Si le TRI est supérieur au taux d'actualisation, le projet est rentable.
Cette étude s'appuie sur une base de données consolidée d'environ 1 400 observations contenant toutes les informations nécessaires à l'analyse économique des différentes solutions de rénovation. Pour chaque logement, nous avons : les caractéristiques énergétiques et techniques des logements ; les solutions de rénovation énergétique recommandées par les
experts pour chacun de ces logements ; les coûts et les économies d'énergie associés à chacune de ces solutions ; les gains environnementaux ; et les gains monétaires résultant de chaque mesure de rénovation énergétique recommandée.
Résultats
La figure ci-dessous montre que les VAN moyennes vont de -5 202€ à 8 790€. Comme une VAN plus élevée et positive indique une solution de rénovation énergétique plus rentable, nous pouvons affirmer que les solutions les plus rentables sont la chaudière à condensation, la chaudière basse température et l'isolation du plancher bas. De plus, le remplacement des fenêtres pour des fenêtres performantes, l'équipement bois, l'isolation des murs par l’intérieur, l’isolation de la toiture, l'eau chaude sanitaire et l'eau chaude sanitaire solaire sont également rentables car ces solutions de rénovation présentent une VAN positive. Cependant, l'étude de la VAN met en évidence la non-rentabilité de deux améliorations techniques : l'isolation des murs par l’extérieur et le système de pompe à chaleur.
Figure 2 : Ranking of the energy efficiency measures according to their average NPV (4%-discount rate and 30-year lifespan)
Traduction dans l’ordre de la figure
- Chaudière à condensation
- Chaudière basse température
- Isolation du plancher bas
- Remplacement des fenêtres / fenêtres performantes
- Eau chaude sanitaire (ECS)
- Isolation des murs par l’intérieur
- Eau chaude sanitaire solaire (ECS solaire)
- Isolation des murs
- Equipement bois
- Isolation de la toiture
- Pompe à chaleur (PAC)
- Isolation des murs par l’extérieur
Topo historique sur l’évolution de la qualité énergétique des logements en France
Le tableau ci-dessous présente la répartition du parc de logements français sur quatre périodes de construction.
Statut d’occupation | Avant 1948 | De 1949 à 1974 | De 1975 à 1999 | Après 2000 | Total |
---|---|---|---|---|---|
Locataire d’un logement public | 2.3% | 7.5% | 5.3% | 1.4% | 16.6% |
Locataire d’un logement privé | 9.9% | 6.3% | 5.2% | 2.8% | 24.2% |
Propriétaire occupant | 18.5% | 16.0% | 18.4% | 6.3% | 59.2% |
Total | 30.7% | 29.9% | 28.9% | 10.5% | 100% |
Figure 3 : Distribution du parc résidentiel français par année de construction du logement et statut d’occupation
La période de construction d'avant 1948 :
Les logements construits pendant cette période représentent 31% du parc de logements français en 2013. Cette période correspond à la vague de reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre Mondiale. Ces logements sont relativement économes en énergie puisqu'ils ont été construits en fonction de considérations bioclimatiques croissantes.
La période de construction 1949-1974 :
Les logements construits pendant cette période représentent aujourd'hui 30% du parc de logements français. Historiquement, cette période correspond aux Trente Glorieuses, caractérisées par une excellente croissance économique en France. Dans ce contexte dynamique, les logements ont été construits selon les premières techniques industrielles, et avant même la mise en place de la réglementation thermique. Par conséquent, ils sont classés comme les plus énergivores.
La période de construction 1975-1999 :
En réponse au choc pétrolier qui a mis fin aux Trente Glorieuses, une première réglementation thermique a été mise en place en France avec un objectif de réduction de 25% de la consommation de chauffage du secteur résidentiel, réalisable grâce à l'isolation des murs extérieurs et à de meilleurs systèmes d'échange d'air. De 1989 à 1999, deux autres réglementations thermiques ont été conçues pour soutenir la réduction de la consommation d'énergie dans le secteur résidentiel. Elles abordaient notamment la question de l'utilisation de l'eau chaude. Par conséquent, les logements construits pendant cette période sont moins gourmands en énergie que les anciens. Au total, les logements construits en 1975 et 1999 représentent aujourd'hui 29% du parc immobilier français.
La période de construction après 2000 :
Deux nouvelles réglementations thermiques ont été promulguées : RT2000 et RT2005. Ces deux mesures vont plus loin dans la réduction de la consommation d'énergie dans le secteur du logement et étendent cet objectif au secteur tertiaire. Les deux tiers des logements construits pendant cette période de construction sont de classe énergétique D ou E. Cependant, le nombre de logements de classe énergétique F ou G a connu une forte réduction, ce qui est satisfaisant.
Les locataires du parc public, davantage exposés aux passoires thermiques
En utilisant l’enquête Phebus, nous réalisons une typologie du parc résidentiel français via la méthode statistique appelée l’Analyse des Correspondances Multiples.
Cette méthode a plusieurs buts :
- Analyser les similitudes entre les individus (ici des logements) lorsque les variables ont des catégories en commun ;
- Synthétiser les variables dans un nombre limité de variables qui sont alors appelées facteurs.
L'analyse des profils du parc immobilier est principalement utilisée pour avoir une image de la performance énergétique des logements français. De plus, elle permet d'identifier les segments de logements qui ont le plus besoin d'être rénovés. Cette méthode délimite 4 classes de logements en France :
Classe 1
La classe 1 est constituée de petits logements collectifs construits après 1948 et avant la première régulation thermique en 1975. Le coefficient de surface d'échange thermique dans ces logements est très élevé, ce qui indique une mauvaise isolation de l'enveloppe. Comme les logements de cette classe sont plutôt petits (moins de 75m²) et dans les bâtiments collectifs, leur consommation énergétique réelle est relativement faible. Leur source d'énergie systématique est le bois. Cette classe représente 25 % du parc total de logements français.
Classe 2
La classe 2 regroupe les grandes maisons individuelles (plus de 130m2) construites avant 1948 et a une consommation énergétique réelle élevée, résultant de leur taille et de leur faible efficacité énergétique puisque ces logements ont été construits avant toute régulation thermique. En conséquence, leur coefficient d'échange thermique en surface est élevé. Leur source d'énergie systématique est le GPL. Cette classe représente 30 % du parc total de logements français.
Classe 3
La classe 3 comprend les logements individuels et jumelés construits entre 1975 et 1988 et dont l'efficacité énergétique est intermédiaire. De taille moyenne (75-100m²), ces logements atteignent un coefficient d'échange thermique moyen en surface, ce qui signifie que l'isolation des murs est plus efficace que celle des deux premières classes. Leur source d'énergie systématique est le fioul. Cette classe représente 30 % du parc total de logements français.
Classe 4
La classe 4 est constituée des logements les plus récents (construits après 2000) qui sont des maisons individuelles et des maisons individuelles de surface intermédiaire (100-130m²). Construits en tenant compte de toute la régulation thermique existante, ces logements sont également les plus économes en énergie. Leur coefficient d'échange thermique en surface est faible. Leur source d'énergie systématique est l'électricité. Cette classe représente 15 % du parc total de logements français.
Figure 4 : Description des classes identifiées
GPL (Gaz de pétrole liquéfié)
Ce qui suit est tiré de la base de données Phebus collectée par le SOeS en 2013 à partir d'un échantillon représentatif du parc de logements français. L'enquête Phebus est menée ponctuellement par le Service des observations et des statistiques (SOeS) du ministère français de l'écologie et du développement durable. Il s'agit d'une enquête transversale détaillée qui rassemble environ 2 000 logements représentatifs des unités d'habitation françaises. Phebus donne accès à des informations détaillées sur les caractéristiques techniques de ces logements (parmi lesquelles les caractéristiques énergétiques, leur surface, l'année de construction), des informations socio-économiques sur les occupants, la consommation finale d'énergie en kWh, la facture énergétique et des détails concernant les sources d'énergie, etc. La base de données Phebus fournit également un certificat de performance énergétique pour chaque logement, comprenant un label énergétique (de A à C, selon le niveau de performance énergétique) et des informations sur les travaux effectués.
Le tableau ci-dessous présente le parc de logements français par statut d'occupation (locataire d'un logement public, d'un logement privé ou propriétaire) et par classe énergétique (de A à G).
Figure 5 : Distribution du parc résidentiel français par statut d’occupation et classe énergétique
* Clé de lecture : 5.1% des logements du parc résidentiel français sont des logements publics occupés par des locataires et appartenant à la classe énergétique D.
** Clé de lecture : Un peu plus de 8 millions de logements, soient 30% du parc résidentiel français, appartiennent à la classe énergétique E.
*** Clé de lecture : 59% des logements du parc résidentiel français sont occupés par leurs propriétaires.
Quel que soit le statut d'occupation, les trois premières classes énergétiques (A, B et C) représentent 14% du parc total de logements français, tandis que les trois dernières catégories (E, F et G) en représentent plus de 60%. Cela souligne l'état général relativement médiocre du parc immobilier français. En comparant les locataires entre eux, on constate que les locataires de logements privés sont toujours plus mal lotis que les locataires de logements publics. En effet, à l'exception des logements de la classe énergétique A, moins de locataires de logements privés vivent dans des logements des classes B et C et plus d'entre eux vivent dans des logements des trois pires classes énergétiques. En outre, dans la queue droite de la distribution, c'est-à-dire pour les logements à haute efficacité énergétique, les propriétaires sont mieux lotis que les locataires, que ces derniers vivent dans des logements publics ou privés. En réalité, les logements de bonne classe énergétique (A, B et C) sont en majorité occupés par des propriétaires et non des locataires. Cela va de pair avec des recherches antérieures qui montrent que l'accession à la propriété est un prédicteur pertinent de l'économie d'énergie (Painter, et al., 1983 ; Black, et al., 1985), les propriétaires étant plus soucieux de l'énergie (Barr et al., 2005).
Références
Painter, J., Semenik, R. and Belk, R., 1983. Is there a generalized energy conservation ethic? A comparison of the determinants of gasoline and home heating energy conservation. J. Econ. Psychol. 3(3), 317–331.
Black, J.S., Stern, P. and Elworth, J.T., 1985. Personal and contextual influences on household energy adaptations. J. Appl. Phycol. 70(1), 3-21.
RENOVATION DU PARC DE LOGEMENTS FRANCAIS : QUEL IMPACT ENVIRONNEMENTAL ?
Nous estimons le coût total de la rénovation de l'ensemble du parc de logements français ainsi que les gains énergétiques et environnementaux qui en découlent. Les résultats indiquent que la rénovation de l'ensemble du parc immobilier français coûterait environ 32 milliards d'euros et permettrait des gains énergétiques de près de 4,8 millions de tep (tonne d'équivalent pétrole). Le gouvernement réduirait également les émissions de CO2 de 31 %, soit 15,3 millions de tonnes précisément. Par ailleurs, la classe 2 est celle qui regroupe les logements les moins performants, ce qui en fait la cible principale des politiques publiques. Nos estimations montrent que la rénovation de tous les logements de la classe 2 coûterait 13,6 milliards d'euros aux ménages.
En outre, c'est pour les logements de la classe 2 que la rénovation est la plus bénéfique en termes de gain environnemental. En effet, en procédant ainsi, le gouvernement réduirait les émissions de CO2 de 7,74 millions de tonnes, ce qui représente la moitié de la réduction des émissions de CO2 que l'on peut obtenir en réaménageant l'ensemble du parc de logements français.
Figure 6 : Impacts environnementaux et économiques de la rénovation de l’ensemble du parc résidentiel français
Mtep : Mégatonne équivalent pétrole
Agir au niveau des gestes du quotidien pour réduire ses consommations
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Apprendre les gestes simples dans son logement
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Conseils pour réduire ses consommations d'eau et d'électricité
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Comment garder le contrôle de ses dépenses d'énergie ?
Se chauffer mieux
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Solutions pour se chauffer mieux
Rénover son logement pour consommer moins
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Isoler ses combles : jusqu'à 30% de consommations d'énergie économisées
Que dit la règlementation pour les logements ?
Contacts, ressources et aides existantes pour les projets de rénovation énergétique
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Guide des aides financières 2021 pour la rénovation énergétique des logements existants
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Contacts et ressources
FAIRE pour Faciliter, Accompagner et Informer pour la Rénovation Energétique est un service mis en place par le ministère de la Transition écologique et solidaire, le ministère de la Cohésion des territoires et l’ADEME visant à centraliser les acteurs publics et privés de la rénovation énergétique et des énergies renouvelables et les rendre davantage visibles.
A l’échelle de la MEL :
La Maison de l’habitat Durable : accueil (téléphonique, mail, physique), orientation vers les services et dispositifs proposés par la MHD et AMELIO :
- Orientation vers les services de conseil (Info-énergie, juridique, architectural) ou vers les opérateurs des dispositifs AMELIO+, AMELIO pro et AMELIO copro en fonction du profil et du projet de l’habitant
- Instruction des primes et aides de la Ville de Lille.
- Prise d’inscriptions aux animations proposées dans le programme AMELIO | Maison de l’Habitat Durable
Programme Amélio+ : https://www.maisonhabitatdurable-lillemetropole.fr/amelio-0
Programme Amélio Pro : https://www.maisonhabitatdurable-lillemetropole.fr/amelio-pro
Programme Amélio Copro : https://amelio.coachcopro.com/